Grands magasins réservés aux dirigeants communistes

 

 

Il y avait toujours eu à Hànôi des magasins réservés aux dirigeants - à la nomenklatura comme on disait en Union Soviétique. A l'époque où la nourriture manquait au Nord, où elle était sévèrement rationnée et où de nombreux enfants souffraient de malnutrition, il y avait rue Ngô Quyên un magasin, où les familles des membres du Bureau politique et leurs petits copains pouvaient toujours trouver du riz parfumé de la meilleure qualité. Celui-ci était soigneusement cultivé près de Hànôi sans engrais sur 100 hectares de terres collectivisées spécialement réservés aux "anciens" du Parti exactement comme autrefois certaines rizières étaient réservées à l'Empereur. Il y avait d'autres magasins spéciaux rue Hàng Trông et rue Tông Ðan, qui fournissaient des vêtements et des produits d'importation à la nomenklatura.

grand magasin rue Hàng Trông pour les experts étrangers et les hauts cadres

grand magasin rue Nhà Tho pour les cadres hauts et moyens

grand magasin rue Tông Ðan pour cadres équivalents aux ministres adjoints ou vice-ministres.

Les privilèges existaient déjà pendant la Résistance (1946 - 1954) avec les cuisines spéciale, grande, moyenne et petite (dac táo, dai táo, trung táo et tiêu táo). Le docteur Nguyên Tuân Phát, médaille Hô Chi Minh, racontait que les meilleurs médicaments étaient réservés aux hauts cadres, tandis que les soldats grièvement blessés au front n'avaient pas de bons médicaments pour être soignés, c'est pourquoi les pertes étaient élevées à cause du manque de médicaments.

Nguyên Van Trân raconte que Xuân Thuy insère son nom sur la liste des officiels pour profiter de la grande bouffe.

Dans les réceptions, il y a d'autres sujets d'étonnement pour ceux qui n'ont pas pu constater dans leur vivante réalité les inégalités criardes du communisme : tandis que le peuple a faim, là nous assistons à des agapes pantagruéliques. Cela commence avec la première célébration à Hànôi en novembre 1954 de la Révolution d'Octobre. Depuis les réceptions ont continué, organisées soit par les représentants des "peuples amis" pour célébrer par exemple l'anniversaire de leur "libération" et l'instauration de la "Démocratie Populaire", soit par le gouvernement vietnamien à l'occasion des mêmes anniversaires. Et comme ces pays "libérés" sont assez nombreux (Allemagne de l'Est, Albanie, Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie), les occasions de se congratuler en mangeant et en buvant en choeur ne manquent point, car il est aisé de trouver bien d'autres anniversaires à fêter. De plus il faut songer aux sources soviétiques, chinoises, mongoles et coréennes, qui peuvent aussi apporter leur justification aux ripailles. Les visites en R.D.V.N. aussi fournissent des occasions : celles de Zhou En lai, Vorochilov, Mikoyan, Chivu Stoïca, Siroski, Cyrankiewicz, Vukmanovic, Kim Il Sung, Grotewohl, Sukarno, etc., et à un degré moindre des délégations de parlementaires français et anglais, des Femmes Françaises, du Mouvement de la Paix, de Professeurs de médecine français, des représentants du Parti Communiste Français, de toutes les délégations culturelles, etc. Alors le Protocole ouvre ses salons pour les repas pris debout par la majorité des invités, tandis que des banquets plus restreints sont présidés par Hô Chi Minh. Et cependant la misère du peuple s'accroît...

 

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