Coopération

Dans les séances d'éducation politique destinées aux membres de base du Parti, les étrangers sont toujours dépeints comme des espions potentiels, aux desseins probablement néfastes.

Un rapport ambigu à l' "étranger"

Les activités des expatriés sont encore de nos jours étroitement surveillées par une police efficace et ses auxiliaires. Les écoutes téléphoniques, par exemple, sont pratique courante.

Gestion de l'aide

Il est de notoriété publique publique que les ressources de l'aide au développement sont très souvent détournées par les administrations partenaires des projets. Les services des relations internationales des différents ministères, ou des comités populaires de provinces, voies d'entrée quasi obligées des projets de développement, sont des lieux à partir desquels la manne de l'aide est captée et redistribuée au sein de réseaux de privilégiés. Les pratiques de détournement de l'aide sont devenues tellement naturelles qu'elles ont tendance à s'institutionnaliser. Les surfacturations de matériel et de travaux, le suréquipement outrancier des branches de l'administration partenaires de gros projets, les indemnités occultes versées aux responsables concernés, et mille autres astuces destinées à s'approprier la manne de l'aide sont devenus la règle. Comment d'ailleurs pourrait-il en être autrement, lorsque des projets de plusieurs millions d'USD se déversent sur une province, dont les cadres fonctionnaires ne perçoivent que quelques dizaines d'USD pour salaire mensuel ?

Tout projet doit obligatoirement être hébergé par une administration ministérielle ou territoriale (comité populaire). Etant donnée la suprématie de l'appareil de l'Etat au Viêt Nam, l'intégralité des ressources de l'aide passe par les canaux administratifs, au sommet desquels se trouvent le Bureau du premier ministre et le ministère du Plan et des Investissements, instances chargées d'approuver tous les projets d'aide avant leur mise en oeuvre par une administration spécifique.

Si d'aventure un agent expatrié d'un projet voulait aller voir plus loin et tenter d'atténuer l'ampleur des pratiques frauduleuses, il serait vite en butte aux pires difficultés*.

Du point de vue des Vietnamiens, l'argent de l'aide est considéré comme froid. C'est-à-dire qu'il vient d'ailleurs, et que sa propriété n'est pas fixée. S'il s'agit de prêts, leur remboursement s'étale souvent sur de longues périodes dépassant de loin l'espérance de vie professionnelle des cadres concernés. Et s'il s'agit de dons, quel mal peut-il y avoir à se les approprier ?

* C'est notamment le cas des employés des petites ONG, basés sur le terrain. Leur statut souvent précaire et leur jeune âge ne leur permettent pas d'intervenir face à des agents aguerris des administrations locales. Ils n'ont souvent de choix qu'entre fermer les yeux ou quitter leur projet.

P.B.

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