Bonzes et prêtres étatiques, nationalisés (quôc doanh)

 

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Pagode des Ambassadeurs Quan su, Cathédrale Saint Joseph

 

Bonzes étatiques, nationalisés (quôc doanh)

Avant 1954, la pagode des Ambassadeurs ou Quan Su est le siège de l'Eglise bouddhique du Nord, dans lequel se trouve l'Institut de Formation des bonzes et des bonzesses, l'école secondaire Khuông Viêt, l'imprimerie Ðuôc Tuê qui publie le mensuel Phuong Tiên et les sutras, la Bibliothèque,...Mais quand les communistes occupent Hà Nôi, l'Institut bouddhique est dissout, les bonzes et bonzesses invités à rentrer chez eux et à augmenter la production, l'école secondaire Khuông Viêt fermée, la Bibliothèque cadenassée, le mensuel Phuong Tiên suspendu et l'imprimerie Ðuôc Tuê réquisitionnée. L'Eglise est complètement inactive comme au Sud Viêt Nam après 1975.

Aujourd'hui la pagode des Ambassadeurs Quan Su est le siège de l'Association Bouddhique Unifiée Vietnamienne. Son président étatique, nationalisé quôc doanh Tri Ðô "sous la lumière du marxisme léninisme" a trouvé sa voie, se met au service de la bonne ligne du Parti Communiste Vietnamien, assiste de temps en temps aux congrès dans les pays frères.

En 1975 douze religieux et religieuses s'immolent par le feu à la pagode Duoc Su de Cân Tho pour protester contre l'interdiction de tenir des réunions méditatives et de hisser le drapeau multicolore de leur religion. Mais cette fois les caméras de CBS ou de NBC et les parangons occidentaux des droits de l'homme manquent au décor pour soulever l'indignation de l'opinion mondiale.

Prêtres étatiques, nationalisés (quôc doanh)

En ce qui concerne les catholiques dans les régions sous contrôle du Viêt - Minh pendant la guerre, ce dernier résolut militairement le problème, qu'ils posaient, en particulier dans certains secteurs situés à l'intérieur des lignes françaises, où il avait d'importantes bases de guérilla. La province de Thai Bình dans le delta du Fleuve Rouge fut marquée deux fois par des massacres dans les villages catholiques. On rapporte qu'à Cao Mai, cent quatre vingt 180 catholiques hommes, femmes et enfants furent brûlés vifs dans l'église du village à la suite du refus d'un poste français voisin de se rendre. (Fall B., Le Viêt - Minh, La République Démocratique 1945 - 1960, Armand Colin 1960, Journal français d'Extrême - Orient, quotidien de Sàigòn, le 26 septembre 1953)

Ðông Sy Nguyên (Nguyên Huu Vu, Nguyên Van Ðông, 1923 Quang Trung, Quang Trach, Quang Bình - ) avait changé de nom après avoir attaqué, incendié des villages catholiques de la province de Quang Bình et massacré les croyants fidèles et leur curé en 1947, 1948. (En 1974 il fut récompensé pour le travail accompli sur la piste Hô Chi Minh en étant promu directement du grade de colonel à celui de général de corps d'armée en passant devant plusieurs autres généraux. Plus tard il devint membre du Bureau politique et vice-premier ministre avant de perdre tous ces postes en 1991.)

En 1954 quand les communistes prennent le pouvoir à Hànôi après les accords de Genève, qui séparent le Nord et le Sud, ils calquent leurs méthodes sur celles de l'URSS et des démocraties populaires et entreprennent l'élimination systématique de la religion : transformation de la plupart des églises du Nord en coopératives ouvrières, saisie de tous les biens du clergé comme des butins de guerre, fermeture de tous les séminaires sauf une classe de 10 élèves à l'évêché de Hànôi, emprisonnement de certains prêtres, tortures, exécutions sans jugement en tant que "criminels de guerre", suspicion à l'égard de l'ensemble des chrétiens considérés comme des agents du capitalisme", des "militants d'un parti politique étranger".

Près de 880,000 Vietnamiens du Nord (dont 640,000 étaient des catholiques, 72%) viennent de fuir vers le Sud, curés en tête, tandis qu'au Nord l'Eglise est coupée de Rome. Une situation, que les communistes souhaitent rendre définitive. Pour cela ils vont déployer leurs ressources habituelles. A commencer par celle du "sous-marin". Rôle dévolu au Comité d'union des catholiques patriotes, qui formé d'une poignée de prêtres favorables au régime, parfois membres du PC - "prêtres étatiques, nationalisés"(quôc doanh) selon l'expression méprisante des Vietnamiens - , doit en dépit des démentis officiels détacher l'Eglise du Vatican, édifier une Eglise schismatique selon l'exemple chinois. Sus au Pape ! Parler de lui est considéré comme un délit antirévolutionnaire. On paie de sa liberté le fait de posséder une de ses images.

Par la persuasion ou la contrainte, les autorités révolutionnaires tente d'endiguer un mouvement, qui dessert leur propagande. 10,000 catholiques candidats au départ se sont regroupés dans le village de Ba Lang; ils sont dispersés à coups de fusil par l'APV Armée Populaire du Vietnam.

Viêt-Nam du Nord (sous régime communiste) : données de 1954

Rang

Territoires ecclésiastiques

Catholiques

Direction

Vic. Ap.

Vic. Ap.

Vic. Ap.

Vic. Ap.

Vic. Ap.

Vic. Ap.

Vic. Ap.

Vic. Ap.

Bac Ninh

Bùi Chu

Hai Phòng

Hà Nôi

Phat Diêm

Thai Bình

Vinh

Thanh Hoa

117,036

_

137,000

139,000

110,000

107,000

185,000

-

OP

Clergé séc.

OP

Clergé séc.

OP

Clergé séc.

En outre, dirigés par missionnaires étrangers : Lang Son et Hung Hoa, avec 137,500 catholiques en tout. Les 7 Vic. Ap. confiés au clergé autocht. comptaient (1956) : 903,675 catholiques ; pour le moment, d’après estimation, 500,000 seulement.

ViêtNam du Sud (1958)

Vic. Ap.

Vic. Ap.

Vic. Ap.

Vic. Ap.

Cân Tho

Qui Nhon

Sàigòn

Vinh Long

130,803

117,581

599,645

62,431

Clergé séc.

4 Vic. Ap.

Total                                                                               910, 460

3 Vic. Ap. Sont dirigés par les Missionnaires Etrang. de Paris MEP : Huê, Kontum et Nha Trang, au total 189,543 catholiques.

Viet Nam (Nord  et Sud ensemble) compte 11 Vic. Ap. confiés au clergé autocht. avec environ 1,500,000 catholiques, inclus les réfugiés catholiques du Viêt Nam du Nord (environ 600,000).

Il y a environ 300,000 catholiques, dont 10,000 à Hànôi et dans les alentours immédiats. Six évêques, dont 2 Français, présidaient aux destinées de l'Eglise depuis l'installation du nouveau régime dans tout le Nord Viêt-Nam. Mais l'un de ces derniers, Monseigneur André Jacq, coadjuteur du Nord Viêt-Nam, en a été expulsé le 26 octobre 1958, et l'autre, Monseigneur Félix Hedde, évêque de Lang Son, est mort à l'âge de 81 ans le 4 mai 1960. Les missionnaires européens étaient peu nombreux : 9 Pères Français appartenant aux Missions Etrangères, 3 Dominicains français et 2 Pères canadiens de la Congrégation des Rédemptoristes. Un troisième Rédemptoriste, le Père Paquette, a été expulsé le 28 octobre 1958. A Hànôi, il y avait avant les dernières expulsions : 13 religieuses de l'Ordre de Saint Paul de Chartres, 7 Vietnamiennes et 6 Françaises. Le nombre total des curés vietnamiens est difficile à connaître pour beaucoup de raisons.

Si les expulsions de prêtres européens n'ont commencé que le 26 Octobre 1958, les ennuis - souvent des pires - n'ont pas pour autant été épargnés jusqu'alors à l'Eglise catholique, à son clergé et à ses fidèles.

Nombre de curés vietnamiens ont été traduits devant le Tribunal Populaire, accusés de crimes honteux, inventés pour salir leur réputation et leur sacerdoce. Odieusement insultés publiquement, ils ont été ensuite condamnés à la prison.

Les Pères européens sont considérés comme étant les plus dangereux, et c'est pourquoi l'action gouvernementale contre eux se fait sentir partout où il s'en trouve encore. D'où les expulsions prononcées et l'obligation pour certains prêtres d'abandonner leurs paroisses à la date du 28 Octobre 1958; dans le Nord l'abbé Nordeux et l'abbé Guilbert durent renoncer à leur apostolat dans la campagne et aller vivre dans la communauté de Lang Son; le père Paquette, curé de la paroisse de Thai Hà Âp dans la banlieue de Hànôi, fut expulsé du Nord Viêt-Nam le 28 Octobre 1958, et Monseigneur André Jacq, deux jours plus tôt.

Les dirigeants de la R.D.V.N., s'ils ont l'arrière-pensée d'utiliser les divers cultes pour les besoins de leur régime, ne peuvent avoir absolument aucun espoir de mettre un jour l'Eglise catholique à leur service; ils savent très bien qu'elle se dressera toujours irréductible devant eux. C'est pourquoi ils ont imité les autres gouvernements communistes en suscitant l'éclosion d'un mouvement de soi-disant catholiques progressistes. Quarante-six prêtres vietnamiens en ont pris la tête. Voici les noms des plus acharnés et des plus dévoués au régime :

le R. Père Vu Xuân Ky, Président du "Comité de Liaison des Catholiques Vietnamiens Patriotes et épris de Paix"; Nguyên Van Dong, laïc

le R. Père Hô Thanh Biên, Vice-Président du même Comité; curé de l'église Saint Dominique (Hà Nôi)

Vu Thai Hòa, laïc, rédacteur en chef de la Justice, leur journal

le R. Père Bùi Xuân Viên, curé de Phuc-Dia (Province de Thanh Hoa);

le R. Père Duong Ðuc Liên, prétendant diriger le diocèse de Phat Diêm, curé de Phuc Nhac (Province de Ninh Binh). Ils ne disposent d'aucune église ou chapelle. Ils se groupent autour d'eux que quelques centaines de fidèles - parmi lesquels figurent beaucoup de non-chrétiens.

...

Le 13 février 2001 invité à s'exprimer devant la commission du Congrès américain sur les libertés religieuses, le père Nguyên Van Ly Thadée, âgé de 55 ans, curé à Nguyêt Biêu petite paroisse près de Huê, réitère sur la Toile pendant près d'une heure ses griefs contre le régime répressif et dénonce tous ses crimes. En conclusion il abjure les Etats Unis et les autres nations de ne signer aucun accord commercial avec le Viêt Nam tant que ce pays ne respecte pas les droits fondamentaux des populations.

Le 16 mai, il envoie un rapport de 5 pages à la commission des droits de l'homme du Congrès américain, dans lequel il évoque entre autres une conférence épiscopale surveillée en chacune de ses activités, un sacerdoce contrôlé de sa formation à sa nomination en paroisse, des couvents ne pouvant plus recruter, des chrétiens considérés comme des citoyens de seconde zone, des paroisses brimées dans leur volonté de restaurer leurs églises, une Eglise privée de tout moyen d'expression, dépouillée de ses établissements religieux et sociaux, éducatifs, caritatifs, sanitaires, confisqués  depuis 25 ans et jamais rendus.

 

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